Bonjour à tous !
Aujourd’hui, j’aimerais déconstruire un mythe que certaines personnes entretiennent par méconnaissance du milieu : celui de l’éditeur radin ! (Ce qui ne signifie pas qu’il n’en existe pas non plus, hé hé).
Dans un précédent article, nous parlions d’autoédition ou d’autopublication où l’auteur pouvait, par exemple, récupérer jusqu’à 70% de droits d’auteurs (c’est par ICI).
Rien de tel lorsque vous signez votre contrat avec une maison d’édition à compte d’éditeur.
La question est donc, pourquoi ?
De manière générale, les droits d’auteurs se situent entre 8 et 12% du prix hors taxe du livre (souvent moins dans l’édition de poche, avec du 6%).
Voici une estimation globale (j’ai bien dit une « estimation », hein ! N’allez pas non plus chipoter) pour un livre à 20 euros :
10 % vont à l’auteur (sur base d’un contrat de droits d’auteurs à 10%)
50% : à la distribution et à la diffusion
40 % : à l’éditeur
Donc vous touchez 2 euros sur le livre (il faudra malheureusement encore garder une partie de cette somme pour payer les impôts, les cotisations sociales…). L’éditeur, quant à lui, est loin d’obtenir 4 euros de bénéfices ! Car dans ces 40%, vous devez retirer tout ce qui touche les postes de correcteurs, graphistes, les frais de la structure éditoriale (locaux, fournitures, salariés éventuels), les coûts de fabrication, la promotion, etc.
Vous l’aurez donc compris, il est difficile pour l’éditeur de vous proposer un haut pourcentage de droits d’auteurs. Seules les plus grosses structures peuvent se le permettre, et encore, seulement pour leurs auteurs à succès. Quoi que cela ne dépasse pas des pourcentages mirobolants : Guillaume Musso a presque établi un record avec son taux de 20% !
Choisir d’éditer un livre est un investissement important de la part d’une maison d’édition. En particulier dans le cas d’une petite structure, le lancement de nombreux livres dégageront une marge faible voir négative, ce qui implique que ces éditeurs n’ont, pendant plusieurs années, aucun revenu propre. Le but est de lancer un cercle vertueux qui les fera connaître avec des ouvrages de qualité et de se constituer un fonds qui permettra de financer les nouveautés. Mais cela est très difficile ! En moyenne, sur dix ouvrages parus, six permettent d’équilibrer le budget, trois sont déficitaires et un seul, oui un seul est bénéficiaire ! Le choix d’accepter ou non votre ouvrage n’est donc pas l’objet d’un caprice : l’avenir de la maison est en jeu, l’éditeur doit donc bien réfléchir à ses choix.
Après, il est vrai qu’il y a des stratégies pour diminuer certaines dépenses : l’impression à la demande permet d’éviter de payer un espace de stockage et des livres en surplus qui pourraient ne pas se vendre. D’ailleurs, un grand nombre de petites maisons n’ont tout simplement pas les moyens de payer de distributeur (il y aura un article sur ce sujet, promis !). Dans tous les cas, si l’auteur doit être indulgent, l’éditeur a également des devoirs. Aussi, même s’il n’a pas suffisamment de revenus pour lui, sa priorité doit être de payer ses auteurs et les autres professionnels liés par contrats. Et là, malheureusement, certains éditeurs sont radins ! Mais ceci est une autre histoire ;)
Sources : Legendre Bertrand, Les métiers de l’édition, Paris, Éditions du Cercle de la Librairie, 2012.
Comments