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LES ÉTAPES DE CRÉATION D’UNE ILLUSTRATION

L’exemple de Godefroy Le Sanguinaire


Suite à une demande reçue, voici un petit article pour vous expliquer pas à pas comment l’illustration de Godefroy le Sanguinaire (de la saga Le Secret du Faucon) a été conçue. Attention, cela ne signifie pas que tout le monde procède de la même façon.😉


Je remercie Jab Jira, l’illustrateur, pour son fantastique travail et aussi d’avoir accepté de montrer ses dessins préparatoires !


1ère étape : Premiers contacts avec l’illustrateur

Avant d’écrire toute une tartine à l’illustrateur que vous avez choisi, il faut s’assurer de plusieurs points :

1) Que lui aussi a envie de travailler sur votre projet. Cela semble évident, mais non, la personne peut ne dessiner que dans un genre particulier (par exemple des décors de fantasy médiévale, et pas des décors cybernétiques).

2) Vérifier les disponibilités de l’illustrateur (en sachant qu’il y a TOUJOURS du retard. Hum hum, je ferais bien de me le rappeler moi-même).

3) Décrire rapidement son projet pour obtenir un devis. Dans mon cas : « Portrait couleur d’un guerrier (visage et crâne rasés) sur son cheval noir. Pas de fond travaillé ».

4) Se mettre d’accord sur les méthodes de paiement et le contrat à signer.


2e étape : la conception dans l’imaginaire de l’auteur et la retranscription sur papier

Autant couper court immédiatement à certaines légendes : non l’illustrateur ne va pas lire le roman pour se faire lui-même une idée du personnage à représenter. C’est à celui qui passe la commande de tout bien expliciter jusqu’au bout des ongles. Vous imaginez le temps que ça prendrait à l’artiste pour chaque commande ? (sans compter que dans ce cas précis, Jab Jira n’est pas francophone).


Certains laisseront une certaine latitude à l’illustrateur, d’autres aimeront tout diriger. Devinez dans quel camp je suis 😁


Le plus simple est de vous transmettre le projet reçu par Jab Jira 😊

« Portrait de Godefroy le Sanguinaire sur son cheval

C’est le personnage masculin principal du livre. Il s’agit d’un mercenaire, qui se nomme "Le Sanguinaire ". Tout au long du livre, nous apprenons à le connaître et [SPOIL]

Il est le personnage préféré de beaucoup de lecteurs.

Il est donc important de lui donner un aspect sanglant, sans le rendre laid ou repoussant.

La position : Le guerrier sur son cheval, face au lecteur, mais légèrement de profil (je joins deux exemples)

Âge : La trentaine

Visage : Il est complètement rasé (pas de barbe, pas de cheveux).

Il a une cicatrice au-dessus de son œil gauche, qui descend jusqu’au bas de sa joue gauche. Elle est très prononcée, ce qui lui vaut un autre surnom "Le balafré".

Yeux : marron.

Il porte une armure en cuir avec une cape en fourrure d’animal (il a vraiment l’air sauvage et barbare). Il se bat avec une grande hache. Je ne sais pas si tu vas représenter ses mains. Si oui : il porte toujours des gants en cuir marron.

Il est musclé. Je joins deux illustrations de God of War, auxquelles mon personnage ressemble (sauf que Kratos a l’air un peu trop effrayant sur une illustration et qu’il est plus âgé que mon personnage).

Expression : un regard intense vers le spectateur, ne sourit jamais. Aspect menaçant. J’ai joint une image de "The Witcher" à titre d’exemple. L’acteur parvient à être menaçant tout en restant sexy.

Le cheval : un cheval noir avec de grands yeux de velours noir. Pas de mor, juste un licou discret. C’est un cheval massif, avec une belle crinière. Bien sûr, comme c’est un portrait, il n’est pas nécessaire de représenter le cheval en entier. Nous sommes encore bien sur la moitié du corps du guerrier et donc sur la tête du cheval.

Fond : sombre avec des braises rouges dans le vent (il apparaît lors de l’incendie du couvent de notre héroïne principale). Je joins également un exemple de fond.

N’hésite pas à mettre ta touche personnelle ! Tu joues vraiment bien avec la lumière, je suis complètement amoureuse de l’expression que tu donnes et des jeux qu’elle peut donner. Alors si tu veux imiter les flammes qui se reflètent sur son visage, ou si tu penses qu’autrement ce serait plus impressionnant et plus beau, n’hésite pas ! Je te fais confiance. »

Voici les illustrations que je lui ai alors transmises :



3e étape : attendre

Oui, vous pouvez rire, attendre est très difficile ! On ouvre tous les matins sa boîte mail en espérant découvrir le premier croquis, et on ne pense qu’à ça !


4e étape : le premier croquis

Et puis enfin, le jour J, on reçoit le premier croquis :


Les traits ne sont pas détaillés afin de pouvoir vérifier ensemble la composition (bien que je trouve qu’il s’agisse déjà d’un dessin très travaillé).

Ici l’angle d’attaque et la position du personnage me convenait parfaitement. J’ai réorienté dans le sens que je souhaitais : le personnage faisait trop jeune, pas assez musclé, et la cicatrice n’était pas assez prononcée.


5e étape : 1ère version

Après de nouveau une attente effroyable, la première version détaillée arrive enfin !


Vous voyez qu’on est encore loin du résultat final. Là encore, j’ai réorienté l’illustrateur : personnage trop jeune, expression pas assez intense, le crâne doit être entièrement rasé, enlever le mor au cheval (si si, si vous regardez plus attentivement, vous le verrez !)…


6e étape : Travailler les versions jusqu’à obtenir le résultat souhaité

Disons que réaliser l’expression de Godefroy a été… TRÈS COMPLIQUÉ. Notamment, car quand on s’imagine un personnage dans notre esprit, il est impossible de le rendre exactement pareil sur papier. C’est le même problème lorsque j’imagine une scène de roman, ça ne rend jamais pareil une fois que je l’ai écrite.


Après d’autres images d’inspirations envoyées pour l’expression et le regard…


Et de nouvelles tentatives :



Nous nous sommes enfin mis d’accord après plus d’un mois !


Cependant le travail ne finit pas là. Il se poursuit par… la mise en couleur !


7e étape : l’illustration finale

Et là : hourraaaaaa, je n’avais plus rien à redire dessus ! Le fond enflammé était exactement comme je le voulais, les couleurs fidèles. Oufffff, ce pauvre Jab Jira a dû bénir le ciel que je me taise enfin ! Pauvre de lui !

Résultat final :


Conclusion :

Travailler avec A.D. Martel est très pénible, car elle chipote sur les moindres détails. Hum hum.


Plus sérieusement (même si ce que je viens d’énoncer est vrai), réaliser une illustration est un travail de longue haleine. Il faut une bonne communication entre l’auteur et l’illustrateur, et il n’est pas rare que certaines informations sautent.


J’ai sincèrement de la chance que Jab Jira soit aussi patient (ce n’était pas la première fois que nous travaillions ensemble, et cela ne l’a pas empêché de remettre le couvert sur deux futures illustrations que je vous montrerai peut-être bientôt… si vous êtes sage : D ).


Alors, pensiez-vous qu’il y avait autant d’étapes à la réalisation d’une illustration ? Dites-moi tout !

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